En lisant mon premier billet de blogue, vous aurez compris que je suis tombée en amour avec le Shinrin Yoku lors de l’été 2009 et que, depuis ce moment, telle une réelle obsession, l’idée de devenir guide ne me quitte plus. Je vois le projet comme une ouverture vers un avenir différent. Après avoir passé plus de 35 années à évoluer dans ma première passion, le monde de la mode, je cherche à me recentrer et à trouver un rythme de vie plus doux. L’enseignement est mon dada, mais je dois ralentir et prendre soin de moi. Le yoga, la lecture et la marche sont des moyens disons corrects. Le Shinrin Yoku me semble encore plus bénéfique parce qu’il rassemble tout ce que j’aime. La nature, le calme, la découverte, le thé, les gens. Je m’y intéresse et me rends compte qu’on peut suivre une formation. Mais c’est au Japon et simplement impossible avec mon emploi du temps. En plus, je ne parle pas la langue et l’examen de certification se fait en ligne… en japonais!
L’idée demeure, j’y tiens très fort comme un secret. Aussi inaccessible qu’il puisse paraître, ce rêve est ma carte au trésor dont je ne prononce jamais le nom. Seule ma famille immédiate essaie de me suivre et de comprendre mon envie, car en fait je ne sais pas grand chose du Shinrin Yoku à cette période. Dans des élans de hâte j’annonce à certains de mes étudiants qu’un jour, peut-être, lors de ma retraite je serai thérapeute en une pratique japonaise encore inconnue en Amérique. Mais sans plus. Chaque fois que j’en ai la chance, je fouille Internet à la recherche d'informations me permettant d'approfondir mes connaissances ici et là.
LES FAITS QUI ME FASCINENT
Lors de mes recherches j'apprends que dans les années ’80 un ingénieur du nom de Georges Plaisance est l'auteur de plusieurs ouvrages traitant sur les arbres et les forêts. C'est un peu le précurseur de la sylvothérapie, sujet qu'il détaille dans son fameux guide pratique (ISBN 2703302789). En réalité, cette publication n’est pas très bien reçue. On considérera Plaisance comme un hurluberlu. Était-il simplement trop spécial pour l’époque ? Trop spirituel dans son approche ? Or, ce que je retiens de son oeuvre ce sont surtout les bienfaits ressentis en forêt par l’effet des couleurs, le vert bien sûr, la sensation de se sentir entouré et protégé par les plantes et aussi la possibilité de pratiquer l’aromathérapie au grand air. Par ailleurs, il se trouve que ce sont presque juste des Japonais qui seront les premiers à vouloir soutenir scientifiquement les bienfaits de la forêt dans un besoin éminent de prévenir les décès dûs aux maladies cardiovasculaire et au stress depuis l’industrialisation.
UNE PRATIQUE PUREMENT JAPONAISE
Quand je parle de Shinrin Yoku à mes amis japonais, ils sont heureux d’apprendre qu’on s’y intéresse. Pour eux, cette pratique fait partie de leur vie, de leur culture, de leur spiritualité. Un Japonais étant “Shinto” par sa naissance c’est-à-dire que le caractère sacré de la nature fait partie de lui, c’est intimement lié à sa quête d’équilibre personnel, de sérénité intérieure. On considère même l’empereur japonais comme étant un descendant de la déesse solaire, Amaterasu. C’est donc dire que les éléments qu’on rencontre dans la nature au Japon sont à même d’être vénérés.
Le Shinrin Yoku est comme inné chez les Japonais, difficile pour eux de traduire ou d’expliquer le fonctionnement en termes occidentaux. On dirait qu’il n’y a pas de mode d’emploi. Mais en 2009 rien ne me semble impossible et ça tombe bien car j’adore les défis ! De 2009 à 2012 le nombre de forêts désignées thérapeutiques au Japon quintuple. Je me trouve donc en plein coeur de “l’essor”. Sauf que d'essayer de trouver un guide expérimenté qui parle français ou anglais reste pour moi une tâche difficile. Il faut que je trouve une formation en Shinrin Yoku ailleurs qu’en Asie.
GRÂCE AU WEB
Alors que des vidéos produites par des japonais en 2011 me permettent de comprendre que le Shinrin Yoku se déroule en silence et lentement, entrecoupées de moments contemplatifs, d’offrandes et même de siestes, j’apprends également qu’il existe une association nord-américaine spécialisée dans l’immersion en forêt ! Surexcitée, j’accède rapidement au site de l’Association of Nature and Forest Therapy (ANFT) pour me rendre compte que leurs activités sont incompatibles avec mon horaire d’enseignante.
Et c’est en attendant ma chance que je décide de planifier un voyage au Japon. J’irai à la rencontre d’au moins une forêt thérapeutique, Akasawa Natural Forest dans le district d’Agematsu.
LE SORT EN ÉTAIT JETÉ
En 2014, à seulement un mois de mon départ vers le pays du soleil levant et à quelques jours à peine de la fin des classes, le site de l’ANFT annonce une formation près de Chicago. Ville de mes rêves par son architecture. Je réserve mes billets car rien ne m’arrête. Ne sachant pas encore comment et où je passerai mes nuits, je me lance. Mon détour dans la ville du jazz saura sûrement m’émerveiller, sauf qu’en réalité je n’ai absolument aucune idée de la pertinence de cette formation et encore moins qui sont ces gens qui s’intéressent à la forêt thérapeutique. Ont-ils déjà visité le Japon? Est-ce un organisme sérieux ? je prends mes précautions.
C'est avec joie que je peux dire aujourd'hui à quel point ces deux voyages vers l’inconnu auront complètement changé ma vie.