Juste par le nom on devine que le Shinrin Yoku n'est pas un mot d'ici. Comme toute pratique venant d'ailleurs, elle comporte une tonne de références à sa prore culture et fait nécessairement usage de termes, disons, assez difficiles à traduire. Le bain de forêt japonais a trouvé le mot "invitation" comme usage en français. Selon le Dictionnaire Larousse, une invitation signifie prier quelqu'un de venir ou quelque chose d’arriver. Nous inviter à participer à une séance de Shinrin Yoku, à venir quelque part, veut dire d’aller vers la nature et de voir arriver quelque chose, quelque chose de naturel, de simple. Ces choses simples qui nous attirent sans raison particulière, sans qu'on ait besoin d'en faire l'analyse, souvent nous ressemblent et viennent à nous toutes seules.
Dans la pratique du Shinrin Yoku, un guide est là. Il vous invite à prendre part à la nature en créant pour vous des invitations. Combien de fois ai-je entendu: "Moi je marche en forêt et je n'ai pas besoin de guide !". C’est aussi vrai car dans les faits vous vous invitez à prendre part d’une certaine façon à une marche ou à une randonnée. Mais l'objectif derrière votre activité n'est pas tout à fait le même que celui derrière une séance de Shinrin Yoku. Lors de votre marche sans guide, êtes vous avec elle vraiment, faites vous partie de cette nature ? C'est comme la pratique du yoga avec un maître yogi qui nous rappelle quand respirer, où sont nos points de tension, etc.
Dans tous les cas une marche ou une séance d'immersion en forêt devraient vous faire du bien. Mais la différence entre le Shinrin Yoku et une radonnée habituelle, c'est l'intention. Il n'y a pas de notion de temps dans un bain de forêt, pas de point de départ ou d'arrivée, de niveau de difficulté débutant ou expert. Le guide vous fait voir la nature d'une autre façon, vous amène tranquillement à vous centrer, à observer, à prendre pleine conscience des éléments qui vous entourent, de vos sensations et de vos perceptions.
Les invitations sont diverses. Les plus courrues sont celles où vous prenez le temps de reprendre contact avec vos 5 sens, comme certains exercices de méditation «pleine conscience» puis votre corps se réapproprie certains autres sens, comme celui de l’intuition, celui de sentir que notre corps se laisse attirer naturellement vers un lieu à contempler, un lieu pour tout simplement s’assoir en sécurité. On peut imaginer un chien tournant plusieurs fois sur lui-même avant de s’assoir et se laisse tomber seulement quand il se sent bien.
Puis il y a l’invitation à ralentir. La vie est un coup de vent. Comment l’arrêter, du moins arrêter cette course ? Pas toujours évident ! Le guide vous présente une façon d’aborder un moment de votre vie au ralenti. Écouter le riz pousser. On réalise tout ce qui se passe autour de nous pendant qu'on atteint une forme d'inertie. Et on se rend compte de toutes sortes de choses comme la permanence de l’impermanence, c'est-à-dire qu'il n'y a rien d'indélébile, que tout change toujours. Ou encore que rien ne meurt totalement, qu'il reste nécessairement des traces, des marques.
Les autres invitations à se faire du bien, à refaire notre système immunitaire, à se calmer le pompon, comme on le dit si bien ici au Québec, peuvent intégrer une séance de contemplation, de méditation, de réflexion, toujours conduite par le guide.
Bref, doit-on vraiment faire un câlin à un arbre ? Hum. Vous pouvez toujours embrasser un arbre si le cœur vous en dit. Par contre, aller à la rencontre d’un arbre qui vous attire, ça oui ! Le guide vous aidera à laisser votre intuition faire un choix.
La marche se termine par une dernière invitation, celle à la cérémonie du thé. À suivre...